Expédition " TERRES et CULTURES "
A cheval, découverte des mondes ruraux de la France à l'Asie : 2002 - 2006
Départ début AOUT 2002
- l'équipe
Magali Pavin: Ingénieur des techniques agricoles, option élevage et Technicienne supérieure en Productions animales
Accompagnatrice Tourisme Equestre (ATE) - Formation 1 mois en maréchalerie
Cavalière depuis l'enfance, randonneuse aguerrie , la plupart du temps en solitaire, plus particulièrement depuis 1995.
Nombreux séjours à l'étranger. Célibataire, 27 ans. Curieuse des gens et des choses, elle se définit comme rêveuse et déterminée ( ce qui pour ceux qui l'ont cotoyé un peu, correspond parfaitement à son personnage !)
Cysko: étalon de 10 ans né à la maison. Race diverses et variées dont 1/8 de sang comtois. Un moral d'acier et infatigable, toujours partant du moment que Magali est dans le coup !
Aramis: mule noire de 7 ans mesurant 1,40m au garrot. Gentille, bien dans sa tête, travailleuse et fière. Elle suit sans faiblir son leader Cysko. On lui reproche juste de faire de temps en temps sa tête de mule... mais qui n'a pas ses petits défauts !
Aramis est autonome et suit librement: c'est à elle de résoudre les embûches du parcours. Elle doit mener à bon port les 60 kg de matériel et provisions nécessaires à la vie de l'équipe.
Aurore Abibon est responsable du soutien logistique depuis la France. Amie de longue date, cavalière et complice, elle sera notre lien avec Magali durant toute la durée de son périple. Elle devra aussi parfois dénouer les noeuds administratifs auprès des ambassades car il est possible que le cas Magali ne rentre pas dans une case prévue par un formulaire stupide comme on en rencontre de temps en temps !
Magali précise bien que ce voyage n'a aucun but sportif: sa seule motivation est de rencontrer d'autres cultures, dans le respect des chevaux et en harmonie avec elle-même.
Plus particulièrement interressée par le fonctionnement des collectivités agricoles, Magali va pouvoir traverser des zones d'agriculture intensive et mécanisée (Europe de l'Ouest et sud de L'Europe de l'Est), puis des zones d'élevage extensif (Turquie) avant de traverser des régions de culture irriguée (Iran), pour enfin rencontrer les peuples nomades jusqu'à la Chine.
Celui-ci ne peut être qu'indicatif, Magali se réservant la possibilité de changer sa route en fonction des opportunités mais aussi des tensions géopolitiques et des problèmes d'insécurité qui en découlent. Ce choix se fera en liaison avec son amie Aurore, restée en France et qui se tiendra au fait de l'actualité dans cette prévision.
Magali prévoit une moyenne de 20 km par jour avec 3 jours de pause tous les 15 jours. La 1ère année sera consacrée à rejoindre la Turquie. La 2ième, à traverser la Turquie et l'Iran jusqu'aux portes du Turkmènistan. La 3ième année devrait permettre d'atteindre la Chine par la zone d'élevage du Xinjiang et de ressortir par le Kazakhstan . Le retour se déroulera tout le long de la 4ième année par la Russie et l'Ukraine jusqu'à la Pologne. Là, un camion ramènera toute l'équipe jusqu'à l'écurie familiale !
Magali possède depuis quelques années une Montségur CLASSIC avec laquelle elle a réalisé sa rando de 5 mois (2500 km) en 1998 et tous ses tests en prévision de l'expédition (comme 25 jours en janvier 2002 en conditions hivernales).
Pour l'expé "Terres et cultures", nous avons entièrement révisé sa selle et apporté quelques modifications: le sanglage de l'arçon est maintenant entièrement doublé en polyamide, les quartiers ont été supprimés pour gagner du poids et remplacés par des protèges-sueurs anatomiques, les dés de fixations sont tous montés sur une enchappe métallique. Le sanglage même de la selle, a évolué puisque 2 sangles en polyamide sont fixées sur chaque anneau de la sangle mohair à brins et se réglent indépendamment sur la selle. Le but recherché est de supprimer toute épaisseur sous les jambes et de réaliser un triangle le plus grand possible pour le "3 points ". La difficulté était de rendre les sangles amovibles, pour le cas ou Magali serait obligée de changer de sangle, tout en ayant un maximum de réglage. La partie supérieure du troussequin avait déjà été renforcé par une doublure en cuir moulé lors du 1er voyage.
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Le bridon est un Bridon Montségur sans muserolle et le filet est un mors à aiguilles inox, gainés en cuir, en prévision des températures très basses . La croupière est équipée d'un culeron porte-feuille très long et très souple. Le collier de chasse est un modèle à 5 réglages: chaque endroit susceptible de blesser a fait l'objet d'attentions particulières de protection.
Avant le départ de Magali, nous avons voulu lui poser quelques questions sur son voyage, en choisissant si possible, des thèmes un peu moins "gnan-gnan" que ce qu'on lit parfois dans la presse classique.
Que signifie pour toi, le mot "voyage" ?
Magali: Partir à la rencontre des autres, vivre en accéléré en s'affranchissant un maximum de la routine quotidienne.
Quelle est la partie que tu juges la plus difficile pour la préparation d'un voyage comme le tien ?
Magali: De respecter la date prévue du départ et gérer le timing pour que les différents volets de la préparation avancent de front (sponsor, administration, équipement, équidés, problème sanaitaire, itinéraire, formation...). Par exemple, j'ai consacré les 4 premiers mois de l'année à chercher des sponsors et me former en maréchalerie, reportant à plus tard les problèmes de bât et sacoches de bât. Du coup, à 1 mois du départ, en sortant de la formation maréchalerie, de nombreux problèmes étaient réglés mais je n'avais toujours pas trouvé de bât convenant et ne disposais pas encore du cuir des sacoches. Résultat: le départ est reporté d'un mois !
De réunir et respecter le budget.
De veiller à ne pas se sur-équiper...
Concrètement, comment t'y prends-tu pour préparer l'étape du lendemain ? Essayes-tu de tracer ton itinéraire sur une carte avant de partir et avec quelle précision ?
Magali: Ma réponse se base sur ce que je connais, à savoir le voyage à cheval en France; je prépare au départ du voyage une direction de marche et une bande de passage dans laquelle climat, végétation, relief et habitants permettent la vie de l'équipe et répondent aux objectifs fixés. Par quinzaine, j'étudie l'itinéraire avec plus de précision, incluant les passages obligatoires pour le ravitaillement et la réception du courrier.
Chaque soir, au fond de mon duvet, le travail de la journée est fini, accompagnée par les bruits de mâchoire des chevaux, à la lampe de poche, je prépare l'itinéraire précis du lendemain et sur-lendemain. Je prévois en fonction des habitations, du relief et des points d'eau marqués, les lieux envisageables d'étapes.
C'est ensuite un jeu d'essayer de suivre au plus près, avec la carte et la boussole, l'itinéraire marqué. Le lieu de halte du soir se cherche après 5 heures de marche, lorsqu'un endroit s'avère accueillant, d'abord pour les chevaux et ensuite pour moi.
Mais bon, rien n'empêche de varier l'itinéraire en fonction des aléas rencontrés sur le chemin !
Le fait d'avoir la responsabilité d'un cheval est-il une contrainte ou au contraire un atout ? Penses-tu que le voyage équestre est une "voie", dans le sens "connaissance de soi" ?
Magali: Je n'avance en aucun cas plus vite avec les chevaux que sans chevaux. Je me prive de la possibilité de sauter dans un bus, les villes me sont interdites, les chevaux dictent la conduite à tenir chaque jour et l'étape à effectuer... et que zut et rezut, il est 2 heures du matin, il pleut, je suis dans mon duvet, mais ce cochon de bourricot qui m'appelle dehors près de la tente... éjection du duvet pour voir ce qu'il se passe: parfois un problème, parfois juste une caresse. Et il leur faut de l'eau, et il leur faut du grain, et Mâdame ne veut pas travailler aujourd'hui, et Môssieur a décidé d'aller faire le tour des juments du pays dans la nuit ... mais il ne me viendrait jamais à l'idée de faire un tel voyage sans mes chevaux ! Ils sont le moteur de l'expédition, la source d'accueil et de sourire auprès des habitants, le prétexte de rencontres, un effort partagé, la joie de tous les jours.
Alors effectivement, le voyage équestre, comme tout voyage ou toutes actions conduisant au dépassement de soi, est une "voie" dans le sens "connaissance de soi". D'abord par la confrontation avec d'autres modes de pensées, d'autres cultures, ensuite, par de longues périodes solitaires qui laissent le temps à la reflexion et de remises en cause. Par l'amoncellement de fatigue, de difficultés, de problèmes, d'urgences qui accompagnent la route du voyageur et qui obligent, chaque fois, à se surpasser. Mais surtout par l'invraisemblable multitude d'émotions induites par les joies, les peines, les rencontres, le paysage, le calme, la cohue, les victoires, les défaites et la diversité des situations que rencontre le voyageur. Cette découverte de soi est extraordinaire et accompagne le voyageur bien après son retour quand une situation de la vie quotidienne ramène en surface une émotion découverte pendant le voyage...
Crains-tu l'après-voyage ? Peux-t-on s'intégrer facilement à la vie courante, de retour d'une aventure de ce type ou au contraire, est-on définitivement un marginal ?
Magali: D'après l'expérience d'autres voyageurs, le retour est la période la plus dure du voyage, lorsque l'on perd son statut de voyageur et qu'il faut se trouver une nouvelle place dans la société. J'ai la chance, en rentrant, de disposer d'un toit et d'une place pour mettre mes chevaux. Cela supprime dans l'immédiat une grande part de souci matériel. Et grâce aux 3 formations dont je dispose (BTS élevage, Ingénieur agricole et accompagnateur de tourisme équestre), une grande variété de travail s'ouvre à moi.
Au retour du voyage de 5 mois, il y a 2 ans, pour me remettre dans le bain de la vie sédentaire, j'ai pris une feuille et écrit tout ce qu'il me fallait faire. Cela m'a servi de guide pour me reconnecter au monde du travail.
Peux-tu donner 3 conseils à quelqu'un qui serait attiré par une aventure comme celle-là ?
Magali: - D'être encore plus têtu que sa mule dans tout ce qu'il entreprend
- D'avoir une plaquette avec un projet ficelé à présenter pour toutes les démarches entreprises même si après çà, le projet et donc la plaquette évolue...
- de se laisser la possibilité de faire marche arrière. Haut de la page
Mardi 2 juillet 2002
Départ officiel le 3 août 02 de l'écurie familiale en Ardèche. Après quelques déboires pour la traversée des Alpes françaises ( son cheval se renverse les 4 fers en l'air dans un ravin et sa mule fait des glissades non artistiques sur des dalles schisteuses ... ), elle aborde l'Italie.
ITALIE: Elle ne sait pas encore qu'elle va vivre l'automne italien le plus pluvieux depuis des années. Le bât d'Aramis lui pose des problèmes de réglage constant et l'arçon en bois ne semble pas bien adapté. La pluie ne facilite pas les choses. Magali avance doucement mais respecte l'itinéraire prévu. L'accueil est le plus souvent cordial mais de temps en temps il y a quelques rencontres désagréables: une fois un paysan réclame quelques bises plus chaleureuses qu'il le faudrait et devant le refus de Magali exige le paiement du foin et même de la soupe de la veille ! Une autre fois des carabiniers zélés déménagent le campement de Magali d'un terrain de sport vers un monastère, où elle sera " moins dangereuse pour la population": une migration de moins d'1 km escorté par la population qui avait pris Magali sous sa protection ! Cysko fait un "coup de sang" qui immobilise l'équipe quelque temps. Puis ce sera des problèmes de boiterie ... et Magali arrive enfin à la frontière Slovène pour le début de l'hiver.
SLOVENIE: après quelques tracasseries administratives avec les douaniers, Magali aborde la Slovénie pour le nouvel an, les pieds dans la neige et nous envoie une carte de voeux. Il fait très froid mais l'accueil des Slovènes est chaleureux et en particulier des cavaliers locaux qui ne veulent plus l'a quitter ! Aramis, toujours en liberté, fait bien de temps en temps sa "tête de mule" quand il faut se laisser bâter, qu'il fait froid et qu'il faut absolumment partir tout de suite !
HONGRIE: février 03, l'hiver est toujours aussi rigoureux , les paysans disent qu'ils n'ont pas vu çà depuis 20 ans ... et les plans galères pour trouver du foin se succèdent. Ces conditions difficiles soudent encore davantage l'équipe. Magali a résolu ses problèmes de bât et devient experte pour la détection et le soin des boiteries. Sa technique de ferrage s'améliore aussi beaucoup: une compétence qui lui permet une grande autonomie et qui suscitera l'admiration et le respect des paysans.
ROUMANIE: après les inévitables pourparlers avec les douaniers, Magali entre en Roumanie au mois d'Avril 03, mais le printemps tarde à venir. Les roumains prétendent ne pas se souvenir de telles chutes de neige ! Si l'équipe conserve le moral, l'ambiance n'est quand même toujours pas à la fête: la Roumanie est un pays très pauvre qui part un peu à la dérive. Magali se fait voler sa balise de détresse que les voleurs ont confondus avec un poste radio: en essayant de le faire marcher, ils déclenchent le signal et sonnent le branle-bas de combat du côté de la logistique ! Magali a pu stopper à temps l'équipe russe de secours qui s'apprêtait à intervenir !
Plus grave, un homme s'introduit un soir dans la tente de Magali avec des intentions évidentes. Magali se défend comme elle peut (elle garde toujours son couteau à portée de main)et blesse même son agresseur qui l'assomme à moitié avec une barre de fer. Profitant d'un moment de répit, Magali parvient alors à s'échapper pour enfourcher prestement Cysco et filer vers le village proche !
Bilan: un nez cassé et quelques points de suture ... et une fameuse trouille !
BULGARIE: le printemps tant attendu arrive enfin, nous sommes au mois de mai. Il permet l'utilisation de la tente et surtout l'installation de l'enclos pour les chevaux qui vont pouvoir pacager. Magali dispose aussi de plus de liberté dans le choix de ses itinéraires et l'aménagement de ses étapes.C'est l'heure d'un 1er bilan à propos du matériel. Celui-ci a bien résisté et Magali nous tient régulièrement au courant de l'évolution de l'équipement. Le cuir du collier de chasse a tendance à se fendre, il manque peut-être d'hydratation et de matière grasse. Par contre les contre-sanglons en nylon vieillissent mal, suite au gel qui les a "cuit". Il faut refaire le gainage du mors en cuir. La selle ne bouge pas et toutes les attaches tiennent parfaitement. Cysco a eu quelques problèmes de dos et de passage de sangle. Magali s'est aperçu quelle ne la serrait pas assez ... maintenant pas de quartier, elle sangle à fond et le cheval s'en porte infiniment mieux ! Enfin, les fenders ont tendance à descendre. On envoie vite une série de conseils techniques pour parer à tout çà et on décide d'envoyer à Magali un nouveau mors gainé et des produits d'entretien du cuir.
La Roumanie ne laissera pas que des cicatrices puisque Magali a adopté, à moins que ce soit le contraire, un jeune chien de berger roumain qui devient vite un agréable compagnon de route. Nick sera désormais responsable de la surveillance du campement . La frontière turque est vite là et malheureusement de nouvelles tracasseries administratives: Magali sera bloquée 15 jours par des fonctionnaires qui n'ont sans doute rien d'autre à faire. Le vétérinaire turque pensait qu'à force de faire trainer en demandant des documents impossibles, la "petite française" se lasserait ... il ne connaissait pas encore le cas Magali Pavin ! Coup de chapeau au passage à l'équipe resté en France et Madame Pavin chargée des relations avec les ambassades, qui s'est démenée pour obtenir tous les papiers.
TURQUIE: la traversée de la Turquie d'Ouest en Est, se fera donc de juin à début novembre 03. Beaucoup de plaisirs et de rencontres avec des gens fabuleux, d'ailleurs il est rare que Magali monte la tente "victime" de l'hospitalité locale.
La traversée de la partie Kurde est plus délicate et rappelle certains passages en Roumanie ... les jets de pierres en plus ! Magali se fait même aider une fois par la gendarmerie ( çà compense des carabiniers italiens !) Les kurdes sont plus " intégristes" et ils font sentir leur désapprobation de voir une femme qui voyage seule. Magali nous dit même dans l'un de ses messages: " le respect de la femme est si bas que tu te demandes si ta vie en vaut la chandelle ...que tu avances la peur au ventre ..."
Début novembre Magali arrive à la frontière irannienne dans la neige.
IRAN: le visa se fait attendre , la tente est dans la neige et en désespoir de cause Magali achète du foin et fabrique une meule pour les chevaux. Enfin , après les habituelles tractations, fax et mail, nous recevons un mail victorieux: le visa est là et Magali passe en Iran le 25 novembre .
Moral au beau fixe ... mis à part le fait qu'il faut avancer cachée derrière un foulard ... on imagine d'ici Magali !!!
Finalement, la traversée de l'Iran se passera plutôt bien et l'accueil des habitants sera le plus souvent chaleureux et tolérants au risque de faire mentir les a-priori colportés par les médias occidentaux !
TURKMENISTAN: Magali est resté bloquée à la frontière pendant plus de 3 semaines assignée à résidence à l'hôtel local jusqu'à ce que les douaniers et surtout l'hôtelier lui permettent de monter sa tente où elle veut ... ils ne supportaient plus l'amas de crottin des compagnons de Magali devant l'hôtel où elle les avait attachés !!! Le village par contre a adopté toute l'équipe et çà remonte le moral. En fait, le gouvernement turkmène vient de voter un loi interdisant toute entrée de cheval étranger sur le territoire national. Cysko étant, de plus, entier, n'est pas le bienvenue. La raison officielle serait de protéger le patrimoine génétique turkmène et entre autre le fameux Akhal-Teke local ! Dommage car Cysko étant palomino, cela aurait pu être intéressant !
En tout cas, Magali a pris maintenant un tel retard, à cause des attentes aux frontières notamment, qu'elle envisage de bifurquer pour amorcer son retour. En effet, elle ne peut plus passer dans les temps, c'est-à-dire avant l'hiver, en Chine, ce qui signifie un hiver au Kirghisztan (altitude moyenne 1500 à 3000 m!) puis un autre tout aussi rigoureux au Kazakstan. Au total, son voyage se rallongerai de 15 à 20 mois minimum, ce qui n'est pas envisageable pour des raisons financières mais aussi personnelles.
Dernière minute: Nous venons de recevoir la confirmation de la décision de Magali, qui vient de repartir par la mer caspienne. Elle doit parcourir les ex-pays de l'URSS jusqu'à la Pologne puis jusqu'à l'écurie familiale, ce qui représente encore 20 mois de voyages !
Nous laissons la parole à Magali:
"Après 17 jours à la douane de Bajgiran j
ai pris la décision de rentrer. Je n ai pas épuisé toutes les solutions. J'
aurais pu me battre encore. J' aurais pu passer, peut-être. Mais le Coeur ni
était pas. La décision de rentrer, peu a peu, s' est fait une place. D
'abord a cause de l 'hiver. Passer le Kirghisistan avant l' hiver m 'obligerais
a courir. J 'en est marre de courir après le temps, de courir pour passer
avant l'été, pour passer avant l 'hiver. Si je rentre maintenant, je
rentre tranquillement, et çà, c' est le meilleur. La seconde raison et que,
contrairement au projet initial, je veux rentrer à pied jusqu' en France.
Sur mes superbes montures. Si dieux (le hasard ou la fortune) le permet.
Avec plein de cloches sur le cou de ma mule, que tout le monde
regarde passer. Je ne veux pas les ramener en camion, avec un goût d'
inachevé après 4 ans de voyage ; Rentrer a pied m 'obligeait de toute
façon a faire demi tour début Août, avant le Kirghisistan. Ne voulant pas
refaire un chemin déjà connu, j 'ai pensé traverser la caspienne en bateau
jusqu'à Baku mais pas de bateau! Alors voila, il y a deux jours j' ai
ramené mes chevaux en camion jusqu' à Rasht, une ville Iranienne au bord
de la caspienne quittée il y a 3 mois. De là, je prépare mes visas pour
poursuivre à cheval dans de nouvelles contrées.
Je me réjouie de cette idée."
Magali
AZERBAIDJAN: Magali traverse ce pays de l'ex-URSS en été 2004. Elle fait
connaissance avec les célèbres montagnes du Caucase. A part quelques problèmes
de ravitaillement en eau, Magali "déguste" son voyage, forte de son expérience
et libérée des contraintes de calendriers qui lui mettaient la pression. Son ami
l'a rejoint pour 2 mois et elle apprécie "la route à 2" après tant de solitude ! Elle nous envoie cette photo alors qu'elle scrute sa carte cherchant le meilleur moyen de rejoindre la Géorgie, son prochain objectif. |
GEORGIE: 25 octobre 2004: Magali nous appelle au téléphone, elle est en Géorgie . Tout va bien mais elle nous réserve une grosse surprise ... donc à bientôt ! |
LA SURPRISE, c'est MAGALI en personne ! ARAMIS la mule,
s'est fait une déchirure musculaire et doit faire une pause forcée d'1 mois. Magali
en a profité pour filer en France quelques jours pour une "mise à jour"
générale de ses équipements: la tente qui a lâché (c'est la troisième
!), le duvet qui est limite quand il fait moins 25°C, les tapis de selle
usés jusqu'à la corde, le bât qui pince la mule qui a fondue, la selle
étroite pour Cysko qui a le garrot de plus en plus épais (surtout au
printemps : Cysko est entier et il le sait !) Magali est donc venue nous voir et après une après-midi studieuse à l'atelier, nous sommes passés à l'heure des souvenirs autour d'une bonne centaine de photos ! Autant dire qu'on s'est couché tard ce soir là mais qu'on aurait bien voulu prolonger jusqu'au petit matin s'il n'y avait pas la fatigue des voyageurs à respecter ... que d'anecdotes et aventures et surtout que d'expériences dont nous espérons tirer profit sur le matériel de sellerie ! PS: certains visiteurs du 1er WE du salon de Paris ont eu la chance de rencontrer une cavalière pas comme les autres !
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Magali et son ami Orlando dans l'atelier,
fin novembre 2004. Journée studieuse consacrée à la remise à jour du matériel ! |
mi-décembre: Magali est bien rentrée en Géorgie. Le matériel est OK, par contre Aramis boite toujours ... donc patience ! |
Dernier message de Magali le 3 janvier : elle promène sa mule tous
les jours pendant 2 heures pour la rééduquer. " - Si tout va bien je
repars le 9., poursuivre une rééducation itinérante : 2 heure de marche
par jour, les bagages répartis entre le cheval et la mule. Il est temps
de reprendre la route bien que la mule, qui ne boite plus, n' ai pas
encore entièrement récupéré l' usage de son posterieur." |
Finalement, Magali repars mi-février avec Cysco et Aramis qui ne boite plus. Malheureusement, celle-ci se remet à boiter au bout de 4 jours. Magali décide de charger Cysco au maximum et de continuer à pied. Elle parcoure doucement les 250 km qui la sépare de POTI (Géorgie), Aramis boite toujours et Cysco porte tous les bagages. Magali commence à penser à un rapatriement s'il n'y a pas d'amélioration. Elle prend le bateau à Poti pour traverser la mer noire. Sa chienne en profite pour mettre bas pendant la traversée, juste avant d'arriver à ODESSA ! |
UKRAINE: Magali continue à pied lentement vers le nord et
partage les bagages , y compris les chiots, entre tout le monde.
Apparemment la boiterie d'Aramis s'estompe ... Orlando, le compagnon de Magali l'a rejoint peu après, et ils décident de continuer ensemble. Les chiots sont casés, la chienne viens de se voir doter d'un passeport en règle et d'une puce électronique ... et la mule ne boite plus : Elle poursuit même tous les cochons qui croisent sa route ! |
LA FIN DU VOYAGE: 14 juin 2005: Nous venons tout juste de recevoir un mail de Magali:
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Après 3 ans de voyage, voilà donc Magali qui revient avec son équipe
au complet. Coup de chapeau à une grande dame du voyage équestre
qui nous a épaté par son courage et sa détermination. Il nous tarde de
partager avec elle des souvenirs sûrement extraordinaires ! Pour notre part, nous sommes content d'avoir pu l'accompagner au travers du matériel que nous lui avons fourni. Déjà nous constatons que la solidité de nos montages et la qualité de nos cuirs se confirment sans équivoque puisque aucune casse et très peu d'usure sont apparues pendant ces 3 ans. L'état de la selle Montségur CLASSIC est même étonnant ! Nous ferons le point dès le retour définitif de Magali avec l'aspect fonctionnel et confort. Nous savons déjà que l'une des principales difficultés est de proposer un matériel évolutif dans le temps qui puisse s'adapter en fonction des saisons et surtout en fonction des changements de conformation des chevaux. Comme nous le faisons à chaque retour de voyage, nous essayerons de traduire toutes les informations nouvelles concernant le matériel dans nos prochains modèles afin de vous faire profiter de l'expérience de nos "cavaliers d'essai" ... Bientôt une série de photo sur le fabuleux voyage de ..... |