La sellerie et Sasha, le sellier

 

 

On trouve peu de selles kirghizes traditionnelles encore en bonne état. Souvent rafistolées par les éleveurs eux-mêmes, plus ou moins capitonnées de peau de mouton ou de morceau de couverture, nous sommes loin des selles prestigieuses des fameux cavaliers kirghizes. Constitué d'un arçon en bois très léger, sculpté d'un bloc, il y a une corne au pommeau en forme de tête d'os. Le large trousquin est très aplati vers l'arrière et a la forme d'une assiette. Le passage de jambe étroit permet au cavalier de se tenir très près de son cheval avec les mollets alors qu'il est plutôt perché au niveau du siège. L'habillage est constitué de peau ou de tissu cloué directement sur le bois. Les panneaux sont en feutre dense et remontent encore la selle. Il n'y a qu'une sangle, contrairement aux mongols qui en mettent 2, doublé d'une sursangle qui fixe un coussin de selle et qui se boucle avec un noeud de cravate par un latigo très fin.

 Il y a souvent une croupière constitué de 2 courroies fixées juste à l'arrière des panneaux de selle et qui descend bas sous la queue. Il y a aussi parfois un collier de chasse; on retrouve tout ce matériel le plus souvent en mauvais état mais parfois on devine l'élégance d'un harnais qui a du faire la fierté de son cavalier car il reste quelques boucles qui sont de vrais bijoux artisanaux ! Les tapis sont en feutre comme dans toute l'Asie centrale, parfois surpiqués avec des motifs magnifiques.

 

 

  

 Notre groupe était équipé de selles inspirées du modèle de la cavalerie russe. Moins dur aux fesses occidentales sensibles et plus adaptés à la randonnée, elles sont très dégarrottés et dégage bien l'échine malgré des battes d'arçon un peu serrées. Je n'ai pas pu m'empêcher d'y mettre mon nez un soir, au bivouac, afin d'y apporter quelques modifications à mon idée, ce qui a donné lieu à un grand débat avec les spécialistes "locaux" sur la selle idéale ! Nous avons alors décidés de rencontrer, à la fin de notre périple, le sellier qui les avaient fabriquées.

 

 

 

 Les fontes Guichard ont eu l'occasion de faire une fois de plus la preuve de leur faculté d'adaptation à toute sorte de selle !

 

 

 

  Cours de bourrellerie appliquée au fin fond du Kirghiztan

 

  Sasha est russe. Il a émigré il y a bien longtemps à Bischkek, capitale du Kirghiztan et s'est installé artisan sellier. Quand il nous a vu arriver, il s'est montré très méfiant et même un peu "grande gueule": qu'est-ce que c'est que ce petit sellier français qui vient me donner des leçons ?

Après une présentation très diplomate et quelques photos sur notre atelier ... tout le monde a retroussé les manches , on s'est mis au boulot et l'ambiance c'est réchauffée: on se rend compte que c'est toujours les mêmes gestes , avec les mêmes outils, aux 4 coins du monde ! La différence vient surtout que Sasha doit tout se faire sur-place: outillage, bouclerie, arçon ... car on ne trouve plus rien comme fourniture. Le cuir est acheté au compte-goutte à l'Ouzbékistan. Depuis le départ des soviétiques, l'économie qui était maintenue artificiellement en vie, s'est effondré et les artisans doivent se débrouiller avec les moyens du bord. L'interprète a vite perdu les pédales ... de toute façon les gestes et les regards suffisaient pour se comprendre.

 

 

 

L'après-midi s'est fini bras dessus, bras dessous et nous avons eu du mal a quitté Sasha et sa famille ! Je lui est promis de lui faire parvenir une documentation avec des côtes sur des pièces de harnais qu'il ne connaissaient pas ainsi qu'un abat-carre, outil introuvable là-bas.

 

Le Kirghiztan à cheval, présentation

Le pays et les chevaux

Les hommes

 

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