Quelques remarques sur le confort d'un siège de selle

   

    Il y a quelque temps de cela, Béatrice-Angèle Depont, la "cavalière de Compostelle", nous rendait visite sur notre stand à l'Equirando de Vichy. Observant le manège des curieux qui essayent d'enfoncer leur index dans le siège des selles d'un air dubitatif, elle nous dit soudain:

-" mais ils confondent avec un camenbert !"

   Pour nous qui avons l'habitude des expos et des salons, la chose n'est pas nouvelle: la plupart des cavaliers qui cherchent à se faire une idée du confort d'une selle, ont la manie d'enfoncer leur doigt dans le siège pour tester le moelleux , et c'est ainsi ...que nous avons des selles avec le siège tout griffé en fin de salon !

   La mode actuelle étant porté sur les sièges moelleux, j'ai pensé qu'il était temps de faire une petite mise au point à ce sujet. En effet , ce qui devait arriver arriva et on est pas loin de tomber dans l'excès. Dans le jargon du métier on parle d'une selle "commerciale" quand elle a un siège particulièrement mou, c'est-à-dire fait pour séduire, pour faire croire qu'il peut résoudre les problèmes d'inconfort du cavalier. En fait, c'est comme les gâteaux trop sucrés: çà cache quelque chose et souvent une qualité très moyenne !

On a d'ailleurs vu à ce propos, des absurdités qui ont eu juste le temps de se ridiculiser avant de disparaître dans l'oubli: la selle gonflable est un exemple parfait ou encore, le siège monté sur ressort présenté en novembre 2001 à Equitalyon ...

Penser qu'une selle est confortable et que le cavalier n'aura pas mal aux fesses, simplement parce que son siège est mou est une erreur. Si c'était vrai, il y a longtemps que les selliers ne s'embêteraient plus et qu'on se contenterait de mettre un gros édredon avec une sangle et des étriers à la place de la selle !

Le siège d'une selle est le lien le plus important entre le corps du cavalier et le dos du cheval.

Un bon siège doit être suffisamment moelleux pour assurer un contact agréable aux 3 allures mais suffisamment ferme pour assurer la transmission des mouvements du bassin du même cavalier à son cheval.

   Il est évident qu'un siège trop "mou" (comme gonflé sur coussin d'air par exemple) va atténuer, voire diluer, les sensations dans les 2 sens. Un siège doit être "réactif", c'est-à-dire transmettre au mieux la volonté du cavalier par les mouvements volontaires qu'il produit avec son corps. A l'inverse, un siège trop "mou" va engendrer un temps de retard nuisible à la clarté de l'ordre mais aussi au dos du cheval qui subit un massage "à l'envers"...

Et ceci est valable autant avec un siège de selle anglaise, c'est-à-dire des sangles plus ou moins tendues sur un arçon lui-même plus ou moins souple, qu'avec une selle type américaine, c'est-à-dire un arçon rigide plus ou moins rembourré avec des couches superposées de feutre ou de mousse.

   Il y a d'abord un problème de qualité des matériaux employés (nous laisserons volontairement de côté, le savoir-faire et la technicité du sellier: à vous de réveiller votre sens critique ! ).

   Pour le feutre, il est bien sûr évident que la laine naturelle gardera un gonflant et un pouvoir amortisseur sans comparaison avec les feutres synthétiques: le cas est donc simple.

   Pour les mousses synthétiques qui composent la plupart des sièges de selle, la 1ère qualité à prendre en compte est la résilience (c'est la faculté pour une mousse de revenir à sa position initiale après compression) et le vieillissement (maintien de cette qualité dans le temps). Il faut savoir que plus une mousse est souple, plus elle a tendance à mal vieillir et perdre sa résilience (en fait , on parle de baisse de son coefficient de résilience). Au bout de quelques années, parfois moins pour les plus médiocres, elles s'affaissent, se durcissent et perdent toute élasticité. Notons au passage que le terme "mousse à mémoire" n'est pas un terme technique mais juste un argument commercial. Le résultat est un siège qui perd sa forme avec un cuir qui se plisse et donc qui va se blesser rapidement et qui peut facilement se déchirer.

   Le second point est plutôt une conséquence pour le cavalier: tout le monde est d'accord pour dire que le problème principal du cavalier est de garder son équilibre et donc sa verticalité. Or un siège trop souple va provoquer une sorte de tangage qui va obliger le cavalier à faire un effort supplémentaire pour maintenir sa posture. Ce cisaillement sera l'origine d'un mal de dos assuré dans la soirée qui va suivre ! Ajoutons à cela une forte tendance à l'échauffement et on comprendra que ce type de siège induit l'inverse de ce qu'il est sensé provoquer ...

   Comprenez bien qu'il ne s'agit pas de vanter la selle spartiate ... on monte à cheval quand même pour son plaisir ! Mais comme dans toute chose, il y a un juste milieu et même si notre époque incite les gens au moindre effort et à la facilité, s'arrêter à ce seul critère pour choisir une selle est une erreur.

Le vrai confort d'un siège est déterminé par sa forme et non pas par sa souplesse: demandez l'avis des inconditionnels de la Mc Clellan ! Un siège de qualité offre une bonne surface d'assise tout en permettant aux jambes de descendre facilement sans "se forcer". Le moelleux est un bonus qui ne peut qu'améliorer le confort mais ne permettra jamais de transformer un mauvais siège en partie de plaisir.

   Je suis persuadé que la principale qualité de confort d'une selle de rando, vu côté cavalier, est sa capacité à lui assurer une position juste, d'un point de vue équestre, et surtout économique du point de vue effort à faire pour se maintenir à cheval. Elle doit assurer une assise naturelle et sécurisante . Randonner signifie durer, il ne s'agit plus de faire une ballade d'une heure ou deux, il s'agit de monter 5 à 7 heures dans la journée (si on ne se perd pas !) et remettre çà le lendemain et ainsi de suite... Un corps qui subit une gêne va compenser pour supprimer cette gêne c'est-à-dire qu'il va faire un effort musculaire supplémentaire pour garder une position agréable. Mais au bout de quelques temps, selon notre condition physique, cet effort va devenir pénible et il va falloir trouver une autre compensation pour supprimer cette nouvelle gêne et ainsi de suite jusqu'à ce que l'on préfère marcher à pied plutôt que monter à cheval, ce qui est un comble !

   Et puis soyons francs, pour être assis confortablement il faut d'abord savoir s'asseoir et monter à cheval demande un apprentissage et donc des efforts ... désolé d'insister ! Le cavalier n'est pas un poids mort, passif comme des sacoches de bât qui subissent le balancement du cheval. Il est actif avec son corps et il s'en sert pour communiquer avec son cheval ... et une bonne selle avec un siège suffisamment "réactif" ne pourra que faciliter cela.

 

La Bastide de Sérou, le 20 juillet 2002.

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